Réunion du groupe entreprise du Club Convaincre, 25 mai 2010
Président de l’association pour l’insertion par l’innovation (CGPME)
Les PME représentent une force économique importante qui, en France, n’est pas suffisamment compétitive car les difficultés d’accès au domaine déterminant de l’innovation ont créé des obstacles presque insurmontables. On y reviendra.
Il y a environ 3 millions de PME en France dont les ¾ ont moins de 20 salariés. 50% disparaissent dans les 5 ans de leur création. Elles sont filiales de petits groupes (48%), de grands groupes (18%) ou indépendantes (1/3) beaucoup souhaitent créer leur propre produit. Elles sont très peu exportatrices, comparativement aux PME allemandes par exemple. Les 2/3 des emplois en France sont localisés dans des PME. Elles sont peu présentes sur les marchés car elles innovent trop peu. Certaines PME innovantes, généralement d’origine universitaire, font de la recherche mais ne la transforment pas ou mal.
La politique économique en France a toujours été orientée en direction des grands groupes notamment à l’époque des grands programmes (avant les années 70) ou les PME n’étaient pas considérées comme un opérateur économique significatif au contraire des USA ou déjà la Small Business Administration, réservait une part importante des contrats publics aux PME américaines. En France, rien d’équivalent.
Avec l’émergence de l’innovation au tournant des années 70 les PME françaises n’embrayent pas sur l’ « économie de la connaissance » car elles ont des contacts insuffisants avec le monde de la recherche et son dispositif de transfert (Système Français de Recherche et Innovation) mis en place essentiellement par et pour les grands groupes Ainsi très peu d’innovations véritables (innovation de rupture) ont vu le jour et n’ont pas conduit à une économie de « niches » comme ce fut le cas dans nombreux pays technologiquement avancés. Les grands groupes qui ont largement profité du transfert de la R&D ont fait davantage de l’innovation incrémentale que de la création de produits nouveaux
Il y a eu affrontement tout au long des années 1980-2000 entre les promoteurs d’une politique de grands programmes et ceux qui préconisaient la création de produits nouveaux par de petites équipes Les grands groupes se sont opposés par tous les moyens à l’éclosion de cette politique de niches et se sont souvent comportés comme des prédateurs : dès qu’une PME fait une innovation, ils la rachètent et l’intègrent pour la dissoudre !
Notons également l’empilement de structures de transfert pour les PME (107 structures différentes en Rhône-Alpes), ce qui est un gaspillage sans résultat. Le processus d’innovation se décompose en deux grandes phases : le lancement (faisabilité, prototype,) et la phase de développement et commercialisation. Cela suppose beaucoup d’argent. Or 1/10e des aides sont affectés au lancement, 9/10e au développement, alors qu’aux USA les ratios sont de 50/50 en raison d’un programme spécifique -existant depuis 1982 et réservé aux PME de moins de 500 salariés- finançant quasi intégralement la phase initiale de lancement
Une solution pour accroître la compétitivité de nos PME serait de leur financer le lancement à 100% en apportant des moyens humains, par exemple en faisant appel à des seniors ou à des associations d’insertion. La CGPME a fait des propositions concrètes en ce sens.